Seule responsable?
La discussion avec ma mère qui me paniquait tant n'a pas donné grand chose. Disons que je me sais désormais capable de la prendre entre quatre z'yeux et de lui dire "Il faut qu'on parle. J'ai besoin qu'on parle, j'ai commencé un travail sur moi que je ne suis pas près d'arrêter et j'ai besoin de toi, de tes souvenirs, besoin que tu me racontes ma vie, ma toute petite enfance".
Et voilà. Donc je sais que tant qu'elle est en vie je peux y revenir et que j'obtiendrai des réponses.
Pas de tabou avec elle. Pas de tabou? Je l'écris et veux le croire mais n'en suis pas totalement convaincue. Ce dont je suis persuadée c'est qu'elle y met de la bonne volonté.
Qu'elle est une "good enough mother" selon Winicott, une mère suffisamment bonne. Elle l'est certainement maintenant. Elle ne l'a peut-être pas toujours été. Mais je ne lui lance pas la pierre. Le suis-je moi-même? Sûrement que non!
Ce que j'ai retenu de notre conversation de mardi devant les moules frites dégustées au bord du Lez, c'est que, toute petite, au moment où mourraient mes deux petites sœurs, à peu de temps d'intervalle, je n'avais aucun problème avec la nourriture. A 2 mois, j'étais à 4 repas par jour. Quatre repas que je ne réclamais jamais. J'attendais qu'on veuille bien me nourrir. Je gazouillais dans mon lit en attendant ma pitance. Qui venait. Et à cette époque je n'étais absolument pas paniquée à l'idée de manquer de nourriture. C'est venu plus tard. Bien plus tard apparemment; mais ni l'une ni l'autre n'a été capable de situer ce moment...
Dommage.
Je continue à me gaver. A avoir des compulsions, au moins une fois par jour.
Elles sont violentes. Viennent du fond de moi et ne me lâchent pas. Tant que je ne les ai pas assouvies.
Je n'essaye même plus de résister. Je bouffe, et c'est tout.
La semaine prochaine, j'ai une coupure dans mon rythme quotidien. Je pars quelques jours. On verra bien si cela joue sur mes compulsions...